Dans un monde en perpétuelle mutation, confronté à l’accélération des innovations technologiques, aux crises systémiques et à l’exigence croissante de transparence, le rôle de l’audit interne se trouve plus que jamais au centre des mécanismes de gouvernance. C’est dans ce contexte que l’Institut des Auditeurs Internes (IIA Global) a entrepris une réforme historique de son référentiel en publiant en janvier 2024 les Global Internal Audit Standards™, qui entreront en vigueur officiellement le 9 janvier 2025. Ces normes constituent une refondation majeure de la profession, visant à aligner les pratiques mondiales de l’audit interne avec les défis contemporains de gestion des risques, de durabilité, d’éthique et de performance stratégique.
Contrairement aux anciennes normes de 2017, les nouvelles directives offrent une vision intégrée et proactive de l’audit, dépassant la simple conformité pour renforcer son rôle de catalyseur de création de valeur. La structure du référentiel a été entièrement repensée autour de cinq domaines fondamentaux regroupant 15 principes clés et 52 normes opérationnelles. Cette approche systémique couvre l’ensemble du cycle de l’audit, depuis sa mission stratégique jusqu’à la réalisation concrète des missions, en passant par la gouvernance de la fonction, l’éthique professionnelle et la gestion des ressources.
Le premier pilier de cette réforme repose sur une redéfinition de la mission de l’audit interne : il ne s’agit plus seulement de vérifier mais de contribuer activement à la création, à la protection et à la pérennisation de la valeur. L’auditeur est désormais envisagé comme un partenaire stratégique, capable d’éclairer les décisions des dirigeants grâce à une compréhension globale de l’environnement interne et externe. Cette orientation implique un engagement renforcé en matière d’éthique, de professionnalisme et d’indépendance, valeurs incarnées dans le deuxième domaine consacré à la déontologie.
La gouvernance de la fonction, élément central des nouvelles normes, fait l’objet d’un encadrement plus précis. Elle clarifie les responsabilités partagées entre le conseil d’administration, la direction générale et le directeur de l’audit interne, dans une logique de responsabilité partagée et d’alignement stratégique. De même, la gestion de la fonction d’audit devient un levier de performance : les normes insistent sur l’importance d’une planification agile, d’une allocation efficace des ressources, et d’une amélioration continue fondée sur un dispositif d’assurance qualité robuste.
Dans le domaine opérationnel, la réforme apporte des innovations concrètes, notamment l’introduction de lignes directrices pour l’intégration des nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, les analyses prédictives ou encore les systèmes d’automatisation. L’objectif est clair : rendre les missions d’audit plus efficaces, plus pertinentes, plus rapides. Les normes encouragent également l’adaptabilité, permettant à chaque organisation – qu’elle soit publique ou privée, locale ou multinationale – d’ajuster l’application des exigences selon ses spécificités, sans en compromettre la rigueur.
L’entrée en vigueur de ces nouvelles normes marque une période charnière pour la profession. Les fonctions d’audit disposent d’une période de transition jusqu’au 9 janvier 2025 pour s’aligner pleinement sur ces standards. Des outils pratiques ont été mis à disposition par l’IIA pour faciliter cette transition : guides de mise en œuvre, sessions de formation, outils d’auto-évaluation et webinaires. La version condensée des normes permet une première prise en main rapide, tandis que la version complète détaille les considérations de mise en œuvre et fournit des exemples concrets de preuves de conformité.
Ce changement de paradigme ne concerne pas uniquement les auditeurs. Il interpelle l’ensemble des parties prenantes de la gouvernance : dirigeants, administrateurs, responsables des risques, commissaires aux comptes, autorités de régulation. Dans un monde où la confiance est un actif stratégique, l’audit interne, lorsqu’il est pratiqué selon les normes IIA 2025, devient un vecteur de stabilité, d’innovation et de performance durable.
En définitive, ces nouvelles normes s’imposent non seulement comme un outil de référence technique, mais aussi comme une boussole stratégique pour les organisations du XXIe siècle. Elles réaffirment l’audit interne comme un pilier de la gouvernance, au service de la résilience, de l’éthique et de la performance globale.